Pourquoi mange-ton ? À première vue, la question peut sembler un peu idiote. N’est-ce pas évident ? On mange pour apporter l’énergie nécessaire à notre corps, on mange parce qu’on en a besoin, on mange pour vivre tout simplement. Point final. Or, à l’heure où les tendances « healthy », vegan et (s)cul(p)ture du corps sont foisonnantes, ré-ouvrir le sujet et l’aborder dans un sens plus large prend tout son sens. Mais alors, pourquoi mange-t-on ?

Mais au fait, pourquoi mange-t-on

Après une matinée de shooting culinaire intense (j’ai une concentration extrême lors de mes heures de shooting), je me suis finalement posée en début d’après-midi, complètement épuisée. Paradoxe du photographe culinaire, je me suis alors demandée ce que j’allais bien pouvoir manger (ayant photographié des desserts essentiellement, je n’avais pas de quoi en faire mon déjeuner), avant de m’apercevoir que je n’avais pas vraiment faim finalement.

Je me suis quand même préparé quelque chose rapidement, installée à table, avant de laisser mon esprit divaguer autour du sujet en un long monologue interne à partir de ma première interrogation : mais alors pourquoi je mange si je n’ai pas faim ?

1. Pour l’aspect convivial

Lors d’une conversation avec une amie américaine il y a quelques temps, je lui ai semble-t-il évoqué combien la notion de partage était à mes yeux fondamentale dans l’acte de manger. Ce qui pour moi était juste une anecdote fut pour mon amie une véritable révélation, et elle m’avoua quelques mois plus tard que cette idée lui avait littéralement ouvert les yeux.

dinner with friends

L’aspect culturel est ici indéniable. Alors qu’en France on met l’accent sur l’aspect convivial et de partage autour d’un bon repas, aux US on mange davantage pour soi. Mon expérience m’a ainsi montré qu’il n’est pas rare de prendre ses repas seul, et souvent en faisant autre chose en même temps (conduire, travailler, etc.), sans prêter attention à ce que l’on mange. C’est alors que le piège de la « junk food » apparaît et ce, toutes catégories sociales confondues. Le phénomène n’est pas complètement inexistant en France non plus, mais pour beaucoup la base consiste à manger un plat salé complet.

Pour ma part, j’ai pu constater que lorsque je mange seule, j’ai tendance à ne pas prêter attention au contenu de mon assiette et même trouver mon plat ennuyeux, sans l’apprécier vraiment. La saveur d’un plat se mesure aussi avec l’expérience en elle-même, on tend à l’oublier parfois. À l’inverse, lorsque je partage un repas dans un contexte plus convivial, je me sens plus détendue et davantage en mesure d’apprécier le contenu de mon assiette tout en passant un bon moment. En un mot, l’aspect convivial d’un repas est indéniable.

Food is the ingredient

2. Pour le plaisir de cuisiner

En France, il existe un réel amour de la cuisine et je le retrouve souvent auprès de vous, qui n’hésitez pas à me poser des questions avisées par rapport à une recette donnée, lui apportant votre petite touche personnelle ci et là. Cette curiosité s’apprend petit à petit et dès le plus jeune âge, par des activités aussi anodines que celles de préparer un gâteau à l’école ou d’aider ses parents à préparer le repas.

Aux États Unis, l’approche est différente et il est facile de tomber dans le piège du take-out omniprésent. De fait, nombreux sont ceux qui commandent à emporter au quotidien ou presque. Pour les autres qui se mettent en cuisine, on retrouve parfois une sensibilisation moindre par rapport au choix et à la qualité des ingrédients, ou bien encore par rapport aux quantités et proportions.

Dels cooking twist in action

La cuisine n’est pas une science exacte, chers amis, et le sucre n’est pas une maladie. Alors expérimentez, testez, amusez-vous, recommencez. Le pire qui puisse arriver est de rater une recette, mais rassurez-vous on apprend de ses erreurs avec le temps et l’experience.

3. Pour avoir « un esprit sain dans un corps sain »

Ces dernières années, le végétarisme et le véganisme ont explosé un peu partout dans le monde, souvent en parallèle avec la mouvance « healthy ». Que l’on soit pour ou contre n’est pas le débat ici, mais il est en revanche indéniable de constater que ces tendances ont un impact direct sur nos habitudes alimentaires. Le véganisme permet par exemple de faire prendre conscience aux consommateurs des abus de l’industrie alimentaire et de l’importance du choix d’ingrédients de qualité et non transformés.

vegetables

La nourriture est notre première médecine et pour cela il est important de prêter attention à ce que l’on mange, qu’il s’agisse de la qualité des ingrédients comme de leur provenance.

Mais comme pour tout, il est important de savoir raison garder et de ne pas virer à l’obsession du « manger sain » ou pire, de la culture du corps prônée sur Insta bien trop souvent encore. Au final nous sommes tous uniques, avec un corps différent, une histoire différente, alors essayons de conserver un équilibre et d’apprendre à nous accepter plutôt que de se ruer vers certains extrêmes. Et rappelons-nous que manger doit surtout et avant tout rester un plaisir, pas une contrainte.

Eat good feel good

4. Pour découvrir le monde dans son assiette

Nous commandons tous à emporter de temps à autre(pizza, sushis, les possibilités ne manquent pas). Au cours des deux dernières décénnies, cette tendance a explosé et nous a permis de découvrir des cuisines régionales de par le monde entier, donnant par la même occasion naissance à la street food et aux food trucks dans les pays occidentaux. Il est désormais complètement normal de manger au quotidien un plat thai, indien ou même coréen, pour ne citer que certaines de ces cuisines du monde.

Les très nombreux programmes culinaires contribuent aussi à nous faire découvrir le monde dans notre assiette et nous inspirer à explorer de nouvelles cuisines qui nous sont encore inconnues. Petit à petit, cela se traduit aussi par la naissance de nouveaux plats « fusion » mêlant deux cuisines différentes.

Tacos

5. Pour la photo (si, si on avoue) !

Il est indéniable que nous mangeons tous aussi un peu “pour la photo”. Qui ne s’est jamais retrouvé en train de photographier son plat avec son téléphone ? Pour ma part, j’ai l’excuse toute trouvée pour le faire, mais j’avoue que je me sens toujours un peu coupable à l’idée de sortir mon téléphone pour photographier mon plat (sans parler de David qui a toujours envie de se cacher sous la table à ce moment là).

Spontanément, nous sommes tentés de penser qu’il s’agit d’une (très) mauvaise habitude. Or, si nous prenons un peu de hauteur et réfléchissons un intant, nous constatons que prendre son plat en photo permet aussi de l’apprécier visuellement plutôt que de nous ruer dessus. De là à dire si c’est une bonne ou au contraire une très mauvaise habitude je ne sais pas ; je dirais que la vérité se trouve peut-être à mi-chemin finalement. C’est dans tous les cas une réalité : nous mangeons (aussi) pour la photo !

Pourquoi mange-t-on

6. Pour la planète

Petit à petit, la dimension environnementale entre en compte dans notre façon de manger. Nous mangeons aussi pour la planète, dans le souci de l’épargner des pires désastres écologiques, en réduisant notre consommation de viande par exemple. Malheureusement, nous sommes loin du but et il y a énormément d’efforts à fournir en vue d’y travailler ensemble activement.

Dans certaines disciplines de base, tel que le tri sélectif des déchets, il y a encore beaucoup à faire. Ayant vécu dans plusieurs pays, j’ai pu observer des attitudes plus ou moins responsables de la part des citoyens, selon leur sensibilisation au sujet. Et je ne mentionne même pas la responsabilité des industries alimentaires en la matière, ne serait-ce que par la quantité incroyable d’emballages en plastique que l’on retrouve encore trop souvent en Amérique du Nord notamment.

plant

En parallèle pourtant, on assiste à une prise de conscience de l’importance de manger localement autant que possible, le “farm-to-table” et autres AMAP commençant à se développer en parallèle ou non de la tendance bio. Au final, il nous appartient collectivement de repenser notre façon de manger et de redéfinir les priorités en vue de préserver les générations futures. Je ne suis pas experte en la matière ni même le parfait exemple, aussi je me garderai bien de vous donner des leçons. Je suis juste ici pour ouvrir le débat, car parfois il est bon d’enfoncer des portes ouvertes.

Et vous ?

Et vous dans tout cela ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous mangez ? Nous mangeons pour vivre, certes, mais c’est loin d’être la seule raison comme j’ai tenté de vous le démontrer par le biais de mon exposé, et je pense qu’il est bon de se poser la question de temps à autre. N’hésitez pas à partager votre point de vue avec moi, et surtout rappelez-vous que manger est toujours un acte de partage et de convivialité. Bon appétit !

gather